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Sur les limites des hommes

Article de Roi Tzur -Travailleur social clinicien et Psychothérapeute, écrivain et conférencier.

Traduction depuis l’hébreu - Yael E Kerpel et ChatGPT

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De nombreux hommes se retrouvent en difficulté au début d’une relation, lorsqu’ils essaient de trouver un équilibre entre le besoin d’être agréables et la nécessité de s’affirmer, entre le désir d’être acceptés par leur partenaire et la volonté d’être réellement vus, entre l’enthousiasme unilatéral et le maintien de la réciprocité. Cela apparaît particulièrement dans les émissions de téléréalité comme Mariés au premier regard, où l’on constate que certains hommes perdent la capacité de doser correctement entre l’envie de plaire à une femme qu’ils viennent de rencontrer et le besoin de préserver leur colonne vertébrale masculine dans la relation naissante. Quand le déséquilibre penche du côté de la recherche d’acceptation et d’amour, beaucoup d’hommes se perdent eux-mêmes et deviennent complaisants, indécis, ou au contraire querelleurs et dominateurs. Quand le déséquilibre va dans le sens de la préservation de leur « façade », ils tendent à jouer à des jeux, disparaître, manifester de la passivité-agressive et recourir à des manipulations émotionnelles que je rencontre quotidiennement en cabinet.


Les hommes (et les femmes) pour qui le maintien de la paix et de l’harmonie est une priorité, au détriment de leurs propres limites et standards, ont tendance à se perdre dans le couple et à céder à la complaisance. Ils agissent ainsi parce qu’il est important pour eux, surtout au début, que l’autre soit satisfait. Ils préfèrent donc préserver la paix du foyer, éviter les conflits, ou fuir les conversations difficiles sur ce qui compte pour eux. Mais c’est une pente glissante : à ce stade, ils commencent à perdre le respect que leur partenaire leur porte, et les chances de la perdre augmentent. Un homme à faible estime de soi, incapable de poser des limites et de communiquer ses standards de manière équilibrée, perd simplement son respect de lui-même, et par conséquent les chances d’un respect mutuel dans la relation s’amenuisent. Au lieu de poser des limites claires, ces hommes ont tendance – de manière souvent poignante, comme on le voit dans la téléréalité – soit à accepter les comportements qui les dérangent, soit à harceler leur partenaire pour qu’elle comprenne, coûte que coûte, ce qui leur pèse. Mais plus ils insistent ou tentent de la changer, plus elle ressent une sécurité issue du fait qu’elle est convaincue qu’il n’osera jamais se retirer ni la quitter. Par leur comportement, ils lui signalent qu’en définitive, toute attitude sera acceptée.


Or, pour qu’une femme puisse faire confiance à un homme, elle doit d’abord le respecter. Et pour respecter un homme, elle doit sentir – même si elle ne l’avoue pas ouvertement – que toutes ses attitudes envers lui ne seront pas systématiquement tolérées. A fortiori lorsqu’elle franchit ses limites, et que lui, au lieu de fixer une frontière, se montre flatteur et servile. Dans son sens archétypal et conservateur, la masculinité se caractérise par la maîtrise de soi (régulation et retenue) alliée à une capacité de direction, de la même manière que la féminité archétypale se définit par la capacité de nourrir, à travers sensibilité et empathie. Les femmes, quelle que soit leur indépendance, veulent ressentir qu’elles peuvent compter sur leur partenaire, qu’il les guide, les protège et prenne soin d’elles. C’est pourquoi, au début d’une relation, elles mettent souvent leurs partenaires à l’épreuve, parfois de façon subtile. Par exemple, elles observent comment il réagit à une tenue provocante, à une publication sur les réseaux sociaux qui le contrarie, au fait qu’elles ne l’appellent pas pendant un certain temps, à des critiques, à un manque de respect envers ses amis ou sa famille, à un flirt avec d’autres ou même à des fréquentations parallèles.


L’un des paradoxes que je préfère en thérapie de couple est que, pour sauver une relation, il faut parfois être prêt à y renoncer. Cela vaut au début comme après des années, lorsqu’une crise éclate. Un homme qui ne sait pas s’éloigner, malgré son désir ou son attachement, ou réduire son investissement en expliquant pourquoi, ne pourra jamais obtenir le respect d’une femme. S’il n’est pas disposé à envisager que la relation puisse se terminer – en raison de ses croyances sur lui-même et sur l’amour – il ne sera pas capable de mettre la relation et ses sentiments à l’épreuve, et sera vite pris pour acquis. Nous craignons la fin des relations pour deux raisons principales : la peur de l’abandon, déplacée en peur du rejet, et la peur de la solitude. Concernant la peur de l’abandon, nous confondons souvent excitation et anxiété au début d’une relation, et de même nous confondons abandon et rejet, alors qu’ils sont fondamentalement différents. L’abandon n’existe que chez l’enfant. Les adultes, eux, vivent le rejet. Le rejet est une expérience naturelle que nous devons apprendre à supporter à l’âge adulte. Un adulte qui ressent une peur intense de l’abandon redoute en réalité quelque chose qui s’est produit dans son enfance, de la part de ses parents ou de ses pairs. Il transforme cette peur en crainte du rejet et confond les deux. Un homme ayant subi une blessure relationnelle, ayant conclu qu’il n’était pas digne d’amour, qu’il devait se battre pour l’obtenir, ou craignant l’abandon au point de refuser de quitter une relation, devient complaisant et évite les confrontations, de peur de mettre à l’épreuve ses croyances sur l’amour. Celui qui redoute intensément la fin d’une relation contre sa volonté est en réalité dominé par une peur d’abandon non résolue, liée à une blessure de honte profonde. Quant à la peur de la solitude, c’est souvent elle qui pousse à rester dans des relations médiocres, voire destructrices. Par peur du vide existentiel, on s’accroche au partenaire pour éviter de tomber dans l’abîme. Ainsi, on bloque aussi la possibilité d’une véritable connexion, car si l’autre n’est là que pour nous protéger de notre solitude, la relation repose sur la dépendance et l’attachement, non sur l’authenticité.


Un homme qui s’aime doit donc agir d’une manière dont il peut être fier. Si, au fond de nous, nous savons que notre comportement est nuisible et nous empêche de nous respecter nous-mêmes, comment pourrions-nous espérer que notre partenaire nous respecte ? Quand un homme prend la responsabilité de sa vie et de sa relation, il finit par accroître l’estime que sa compagne lui porte, et non l’inverse. Un homme confiant, qui s’estime, sait communiquer ses standards et poser des limites de façon respectueuse et constructive. Poser des limites ne signifie pas supplier, crier, exploser ou forcer l’autre à changer, mais dire, par exemple : « Voilà ce qui est important pour moi, voilà ce que je ne peux pas accepter, et voilà ce que je te demande pour l’avenir » – tout en montrant qu’il est prêt à se retirer si rien ne change. Si, malgré cela, elle persiste, il doit comprendre qu’elle ne tient pas suffisamment à la relation pour la faire évoluer. Une femme ne respectera jamais un homme qui ne se respecte pas lui-même, à travers ses limites et ses standards. Celui qui s’accroche au couple par désespoir ou anxiété a de fortes chances de le perdre, car il ne sait pas se maîtriser ni exprimer clairement ses besoins. Quand la peur d’être seul domine, on n’ose pas s’affirmer, demander ce qui pourrait menacer la relation, ni être soi-même de façon authentique. Seul un homme prêt à risquer sa relation – à dire « quoi qu’il arrive » – peut réellement ouvrir la voie à une transformation profonde et durable du couple.


Ainsi, messieurs, demandez-vous : posez-vous des limites, ou sabotez-vous la relation ? La différence est que l’une peut éloigner, et l’autre rapprocher. Beaucoup croient que poser des limites, c’est dire : « Tu m’as blessé ! Je ne te parle plus ! Je ne tolérerai pas ça ! Je vais me venger ! » – mais cela relève de l’autodestruction. Les vraies limites sont des indications simples, données avec calme, qui apprennent à l’autre comment vous aimer de la bonne manière. Cela peut être : « Je n’aime pas quand tu disparais plusieurs jours puis reviens comme si de rien n’était. Si tu veux une relation, elle doit être régulière et stable », ou encore : « Je n’ai pas aimé que tu parles de ton ex chez tes parents, ce n’est pas respectueux et je te demande d’arrêter. » En général, il faut distinguer ce qui est ponctuel de ce qui se répète, et si cela se répète, le dire immédiatement avec simplicité et sérénité. Rappelez-vous : des limites claires, maintenues avec constance, construisent une bonne relation, car elles permettent à chacun de savoir clairement où il en est. Bonne chance.

 
 
 

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